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Modèle conceptuel pour les ateliers de cocréation

Dans le cadre de la mise en place des ateliers de cocréation lors de la phase 1 du projet, nous nous inspirons du modèle de "Equity-centered Community Design", disponible ici. Nous détaillons l'adaptation que nous en avons fait pour développer les ateliers de cocréation dans le cadre de la recherche pour adapter culturellement Aire ouverte (AOCA). 

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Equity-centered community design

Nous proposons un processus de cocréation avec des acteurs de la communauté, des intervenant.e.s, des jeunes et leurs familles/proches, basée sur l’approche de la conception communautaire centrée sur l’équité (3CE) « Equity-centered community design » (Creative Reaction Lab, 2018) qui met en valeur la contribution des acteur.rice.s dans cette démarche de codéveloppement d’une Aire ouverte culturellement adaptée . 

La cocréation considère les citoyen.ne.s (usager.ère.s et autres acteur.ice.s de la communauté, notamment) comme une source d’inspiration au moment du développement ou de la conception (Kanstrup et Christiansen, 2006). Dans ce sens, la cocréation va au-delà de la co-production car elle mise sur la créativité collective des parties prenantes. C’est entre autres pourquoi, pour Torfing et al. (2019), il s’agit d’un paradigme plus inclusif et équitable. Le processus de cocréation permet non seulement d’allier savoir académique et savoir expérientiel, mais il offre aussi un espace d’apprentissage pour toutes les parties prenantes (Brett et al. 2014) concernées par une même problématique avec la prémisse qu’une valeur ajoutée viable et pérenne émergera grâce aux interactions entre les participant.e.s prenant part à ce processus (Baptista et al., 2020; Torfing et al., 2019). 

1. Inviter divers cocréateur.ice.s

1. Inviter divers cocréateur.ice.s : les cocréateur.ice.s devront représenter la diversité des jeunes pour lesquel.le.s nous voulons adapter culturellement Aire ouverte. 12 à 18 cocréateur.ice.s par territoire de CI(U)SSS seront recruté.e.s. Les démarches d’invitation et de recrutement favoriseront la diversité, l’inclusion, l’égalité et l’équité. À travers ces processus, l’équipe misera sur la construction d’une relation de confiance garante de la participation et la rétention des cocréateurs tout au long de ce projet.

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2. Bâtir humilité et empathie : l’humilité renvoie à la reconnaissance de l’influence de ses propres limites, biais et perspectives dans la compréhension des émotions, pensées, expériences et actions des autres, alors que l’empathie est de tenter activement de comprendre la perspective de l’autre en imaginant comment on se sentirait, penserait et agirait si nous étions dans sa situation (Creative Reaction Lab, 2018). Bâtir une humilité et une empathie dès le début de ce projet avec tous les cocréateur.ice.s permettra de minimiser les inconforts et les jugements basés sur les préjugés. En effet, l’humilité permet de reconnaitre nos propres biais conscients et la présence de biais inconscients et l’empathie permet d’observer et d’écouter en suspendant notre jugement. Cette étape pourrait se dérouler sur plusieurs rencontres de régularité différente, s’adaptant à chaque table de collaboration. Pour ce faire, nous utiliserons des activités brise-glace combinées avec des activités physiques et/ou de méditation et activités collectives (jeux de société, dessins, etc.).

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3. Histoire apprise et histoire vécue : à travers les médias, les cours d’histoire à l’école et les interactions sociales, chaque personne participant au projet peut avoir beaucoup appris au sujet de certaines cultures ou communautés. Or, ces enseignements ne représentent pas toujours l’histoire telle qu’elle a été vécue par ces communautés. L’objectif est de repartir avec de nouvelles histoires que les cocréateur.ice.s voudront partager à propos de leur communauté et de leur culture en lien avec la santé des jeunes. L’objectif étant de bâtir un espace favorable à la cocréation dans le contexte de cette recherche. Pour ce faire, nous réaliserons l’activité « Écrire l’histoire » (Creative Reaction Lab, 2018) adaptée à notre projet. Ainsi, à tour de rôle, des membres de la communauté (jeunes, parents/proches, leaders de communautés) nommeront des histoires apprises ou vécus concernant l'accès aux services, l'accueil, l'expérience des services qui les a marqué.e.s ou impacté.e.s. Tous les membres de la table de collaboration seront invité.e.s à répondre, sur une feuille ou une tablette, à une série de questions au sujet de ce fait ou événement (quelles étaient les circonstances de l’événement ? Qu’en pensent les gens/la société ? Qu’en pensez-vous personnellement ? Comment cet événement vous a affecté ? Comment cet événement a affecté les autres personnes autour de vous ? etc.). Ensuite, les membres pourront partager en groupe leurs réponses et en discuter à la lumière de questions plus générales comme l’impact de cet événement sur le lien du membre à sa communauté ; la diversité des réponses à travers les membres de la table de collaboration, etc.

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4. Reconnaitre et déconstruire les relations de pouvoir : nous travaillerons avec les cocréateur.ice.s à reconnaitre tout d’abord et à ensuite déconstruire les rapports de pouvoir et les construits qui les sous-tendent afin de permettre aux communautés, habituellement marginalisées, à tenter de reprendre du pouvoir au moins dans le contexte de ces espaces collaboratifs de cocréation et profiter des espaces de parole et d’action qui leur sont offerts dans le cadre de ce projet. Creative Reaction Lab (2018) propose une activité qui permet de représenter le pouvoir de différentes personnes à travers des mots ou des dessins. Chacun des cocréateur.ice.s, à l’aide d’un papier ou d’une tablette, pourra représenter les façons d’interagir avec le pouvoir et comment utiliser leur propre source de pouvoir dans une relation en répondant à certaines questions (quelles formes de pouvoir seraient utiles et aidantes pour vous et votre communauté ? Comment et pourquoi ? Quelles formes de pouvoir pourraient être nuisibles ? Quelles formes de pouvoir avez-vous obtenues par vos propres moyens et quelles formes de pouvoir vous ont été accordées ? etc.)

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5. Définir et analyser les besoins des jeunes de la diversité  : afin d’adapter AO de façon à ce qu’elle soit à l’image des jeunes de la diversité et de leurs communautés, définir et analyser leurs besoins est une étape primordiale. Cet objectif repose sur l'arrimage entre le travail de l'équipe de recherche et la consultation auprès du groupe de cocréateur.ice.s ainsi que les équipes de santé publique locales des CI(U)SSS concernés. Nous définirons, pour chacun des territoires participants au projet et en concertation avec les cocréateur.rice.s, les besoins ainsi que les causes ou les facteurs qui ne permettent pas de répondre à certains besoins ou qui entravent la demande de service. Ces éléments définissent les problèmes, mais également le début de l’identification des pistes d’adaptation nécessaires. Dans le cadre du déploiement des AO, tous les CI(U)SSS ont réalisé une analyse des besoins des jeunes et leurs parents/proches en utilisant un questionnaire en ligne ou des groupes de discussion. Tout d’abord, nous procéderons à l’analyse de ces données en nous centrant sur celles en lien avec les jeunes de la diversité. Afin d’avoir un comparatif plus global par territoire, nous demanderons aussi à nos collègues des directions de santé publique locale de nous fournir un portrait populationnel des jeunes de 12 à 25 ans afin de dresser un portrait des jeunes de la diversité en comparaison avec les autres jeunes et des jeunes de la diversité qui fréquentent AO en comparaison avec ceux.celles qui pourraient potentiellement la fréquenter. L’équipe de recherche procédera à une analyse documentaire et une analyse de ces données pour alimenter l’analyse des besoins. Ensuite, ces données seront présentées et discutées avec les cocréateur.ice.s afin de les compléter, les contextualiser et les catégoriser (en termes de collaboration intersectorielle, participation des jeunes, etc.).

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6. Élaborer les approches d’adaptation : les résultats de l’analyse des besoins mèneront vers l’identification des actions concrètes à mettre en place pour y répondre.  Ce processus trouve sa pertinence en impliquant les acteur.ice.s concerné.e.s afin d’assurer une concordance avec leurs besoins (Healey et al. 2017). Les approches doivent provenir des cocréateurs dans une première étape. Ensuite, l’équipe de recherche alimentera les réflexions et les discussions en partageant des exemples empiriques et en mettant l’emphase sur les apprentissages pour les acteur.rice.s présent.e.s autant les cocréateur.rice.s que les membres de l’équipe de recherche. Si plusieurs besoins sont identifiés, nous travaillerons en sous-groupes et ensuite en grand groupe pour la synthèse. À cette étape, des choix de stratégies d’adaptation seront discutés avec les cocréateur.ice.s afin de choisir celles qui semblent les plus pertinentes –qui répondent aux besoins–qui répondent aux besoins identifiés à l’étape précédente -  et réalistes -en termes de mise en œuvre sur le terrain- -en termes de mise en œuvre sur le terrain-   pour les besoins . Plusieurs stratégies d’adaptation recensées dans les différentes revues de littérature réalisées pourraient être partagées avec les cocréateur.ice.s (Cénat, 2020; Kimayer et al., 2017; Kimayer et Jarvis, 2019). Bien que souvent les concepts d’adaptation culturelle et de compétence culturelle sont développés et adoptés de façon distincte, il s’avère important que toute adaptation culturelle mette en place des stratégies de développement des compétences culturelles (Anderson, 2003; Bhui et al. 2007; Chauhan 2021; Chin, 2000 ; Cross, 1989). Ces compétences agiront comme une “ceinture de sécurité” pour les mesures d’adaptation mises en place. La finalité étant d’offrir aux usager.ère.s un environnement et une expérience d’offre de services qui soient culturellement adaptés et sécuritaires. Nous considérons les compétences culturelles à deux niveaux : individuel et organisationnel (Handtke et al., 2019); d’autres auteurs appellent aussi à renforcer la sécurité culturelle[1] (Curtis et al., 2019). De toute évidence, l’implication de l’usager.ère dans l’intervention et la volonté et l’engagement organisationnels sont deux variables déterminantes pour l’adaptation des services qui seront culturellement sécuritaires (McCalman et al., 2017). 

 

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7. Modéliser L’AOCA : nous réaliserons avec les cocréateur.ice.s une modélisation logique de l’AOCA. Ainsi, la modélisation sera également participative (Kleinhans, 2019). La modélisation de l’AOCA sera nourrie par les résultats du processus de cocréation (étapes 1 à 6), des composantes clés d’un RSIJ (Bentayeb et al., 2022a), ainsi que d’une revue de littérature portant sur les mécanismes de production des effets d’une telle adaptation pour les jeunes, leurs familles/proches et les intervenant.e.s. Les composantes clés ont été identifiées dans le cadre d’une étude précédente (Bentayeb et al., 2022a). Il s’agit de 9 composantes essentielles au succès de la mise en œuvre d’un RSIJ, à savoir : des services intégrés et des espaces à l’image des jeunes, des services accessibles et adaptés à la réalité des jeunes, la promotion des services et une image de marque, la collaboration avec les partenaires, une trajectoire de services continue, faire de la place aux jeunes, aux parents et aux proches dans les RSIJ, une gouvernance intégrée et intersectorielle, un financement récurent et une reddition de compte réinventée, et une démarche de recherche et d’évaluation intégrée. 

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Nous prévoyons trois rencontres à cette étape (2 ateliers de cocréation et 1 atelier de mise en commun) : une sera consacrée à l’identification des mécanismes de production des effets et une autre à la modélisation proprement dite. Une modélisation logique est une représentation visuelle du fonctionnement du modèle de l’intervention ou du service (Porteous, 2012). Nous accordons le choix aux cocréateur.ice.s  de choisir le moyen qui leur semble le plus approprié et avec lequel ils seraient à l’aise (logiciel de dessin, logiciel de modélisation, etc.) ou encore à travers des formes et des expressions artistiques (photo-élicitation, photo-voix, dessins…) (Butler-Kisber, 2018 ; Knowles, 2008). L’approche multimodale permet de découvrir les multiples façons d’être et de savoir, et la possibilité de créer un dialogue entre types de savoirs. Ça permet aux participant.e.s d’exprimer des idées et des sentiments qu’ils ont de la difficulté à exprimer autrement (Garakani, 2014; Walsh et al, 2010). Dans une perspective de recherche émancipatrice, l’objectif est aussi de créer des espaces d’apprentissage et de découverte pour les cocréateur.ice.s. En plus du modèle logique, les cocréateur.ice.s avec le soutien de l’équipe de recherche développeront une trousse avec des outils vulgarisés pour soutenir l’expérimentation de l’AOCA par les équipes AO. Dans la mesure où l’adaptation devra être pensée en continu dans un contexte évolutif et continuellement changeant.

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8. Expérimenter et apprendre : une fois la modélisation finalisée, nous inviterons, durant cette étape, des intervenant.e.s et des gestionnaires qui n’ont pas participé aux étapes précédentes à se joindre à des ateliers délibératifs (Boyko et al., 2014 ; Mc Sween-Cadieux et al., 2018). Barrera (2017) considère que le processus d’adaptation consiste en un effort visant à promouvoir un plus grand engagement des participant.e.s. À cet effet, pour comprendre si un programme mobilise équitablement la population, des efforts devraient être faits pour tester l’engagement dans autant de sous-groupes pertinents que possible. Ces ateliers ont pour objectif principal de confronter les composantes de l’AOCA aux contraintes et limites inhérentes aux réalités des CI(U)SSS, des organismes partenaires et du MSSS. Le processus délibératif reposera sur deux critères, à savoir : la pertinence et la faisabilité. Ce processus a deux objectifs. Le premier est de s’assurer que l’AOCA soit pertinente pour tous les acteurs et que sa mise en œuvre soit réaliste et faisable selon le contexte territorial et les ressources des équipes. Le deuxième est de créer un espace où les cocréateur.ice.s peuvent présenter le travail réalisé et comprendre les limites, s’il y a lieu, de la mise en œuvre de leur proposition, en toute transparence. 

 

 

[1] Le sentiment de sécurité culturelle est le résultat souhaité de l’adaptation culturelle des services et de la formation en interculturelle du personnel.

2. Bâtir humilité et empathie
3. Histoire apprise et histoire vécue
4. Reconnaître et déconstruire les relations de pouvoir
5. Définir et analyser les besoins des jeunes et de leurs parents/proches
6. Élaborer les approches d'adaptation
7. Modéliser l'AOCA
8. Expérimenter et apprendre
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